[23 janvier 2024] Des professionnels français de la transformation écologique lancement Construire l’écologie, un collectif qui veut rassembler et porter dans le débat public la voix des professionnels provenant de tous les secteurs d’activité : public, privé, associatif, syndical et académique, désireux d’agir ensemble pour accélérer la transformation écologique.
Construire l’écologie publie une première note sur le Greenblaming
A l’occasion de son lancement, le collectif Construire l’écologie dévoile sa première note, “Greenblaming - La construction de l’épouvantail écologique”. Elle propose un nouveau concept, qui s’ajoute a celui de greenwashing, désormais bien connu : le greenblaming, c’est-à-dire l’utilisation d’arguments fallacieux ou partiels imputant à une politique de transformation écologique des torts qui en légitimeraient l’arrêt. Après avoir retracé la genèse de ce greenblaming dans les discours publics et politiques français et européens, la note déconstruit cinq exemples de greenblaming récents, dont :
Celui qui vise les pompes à chaleur, un moyen de chauffage efficace, bas carbone, essentiel dans tous les travaux prospectifs de décarbonation de nos moyens de chauffage. La note démontre que, contrairement à certains discours largement diffusés listés dans la note, les pompes à chaleur fonctionnent efficacement par temps froid, peuvent - même si cela n’est pas optimal - être utilisées même dans des logements mal isolés, sont déjà fortement produites en France et peuvent l’être de façon croissante, participent à l’indépendance énergétique de la France, et ne mettent pas en danger le réseau d’électricité.
La note montre également que l’augmentation du prix des véhicules neufs n’est pas due aux politiques de décarbonation, mais est liée selon les évaluations de Construire l’écologie à 85% à l’augmentation recherchée de la marge des constructeurs et de la taille des véhicules vendus, une augmentation par ailleurs écologiquement contre-productive.
Enfin, la note pointe que les ZFE (zones à faibles émissions) n’obligeront pas - comme certains partis l'ont récemment prétendus - 70% des propriétaires de véhicules à changer de moyen de transport, mais a 5% de ces propriétaires, et n’auront donc qu’un impact réduit sur la limitation de la circulation. Cela n'empêche qu’il manque une aide suffisante à l’égard de ceux parmi lesquels ces 5% qui ne peuvent se passer de voiture et n’ont pas les moyens économiques de la remplacer par eux-mêmes.
Pourquoi Construire l'écologie ?
Le collectif Construire l’écologie naît d’un paradoxe croissant : d’un côté, la nécessité de la transformation écologique ne fait plus doute, et les forces sociales, techniques et économiques capables de la faire advenir existent. Mais pourtant, un discours politique cohérent et concret n’émerge pas. Construire l’écologie se donne donc la mission d’y contribuer à son échelle, en proposant notamment des notes de positionnement sur l’actualité, basées sur quatre principes :
La transformation écologique doit protéger les citoyens, en assurant la sécurité de tous contre les risques directs des crises environnementales (feux, inondations, maladies émergentes, diminution des rendements agricoles, etc), les risques associés à la transformation elle-même (perte d’emploi, reconversions), ou des risques géopolitiques émergents (ingérence et bellicisme des régimes pétroliers et gaziers, conflits sociaux, déstabilisations internationales, etc).
La transformation écologique doit organiser un nouveau modèle économique, dans lequel se reconstruit une confiance en l’État, et où la puissance publique retrouve sa capacité à orchestrer des choix substantiels, à planifier l’avènement d’une société adaptée et sobre, à faire renaître une politique industrielle...
La transformation écologique doit redistribuer les cartes sociales. Les gagnants de la transformation écologique doivent former une majorité vivant durablement les bénéfices de la reconversion de notre économie et de nos modes de vie.
La transformation écologique doit permettre d’apprendre de nos erreurs passées et de nos réussites futures, en permettant l’approfondissement et la diffusion des connaissances scientifiques, techniques, sociologiques, économiques, et en permettant une réconciliation entre la société et les savoirs.
L’association prévoit également de permettre aux professionnels de la transformation écologique, tous secteurs confondus, de se rencontrer et de batir entre eux de nouvelles coalitions.
A propos de Construire l'écologie
Construire l'écologie est un collectif qui rassemble les professionnels impliqués dans la transformation écologique, partout dans la société : secteur public, privé, syndical, associatif, académique. Il est animé par la volonté d’élargir et de donner une voix à la coalition d’acteurs pour la transformation écologique, d’ancrer dans la société et le débat public une culture technique et politique à la hauteur de ce chantier, et de répondre à ceux qui entendent saboter l’ambition écologique.
Agente ou agent en collectivité en charge de la décarbonation des mobilités, ouvrière ou ouvrier, technicienne ou technicien, ingénieure ou ingénieur responsable de l'installation de pompes à chaleur ou de la rénovation énergétique de logements, militante ou militant syndical revendiquant la reconversion écologique dans des conditions socialement justes pour les travailleurs de son domaine d'activité, salariée ou salarié d'un laboratoire d'idées écologiste ou chercheur ou chercheuse pilotant des travaux de recherche autour de la santé des sols : nous devons créer des liens entre toutes celles et ceux qui contribuent à la transformation écologique de notre société.
Pour cela, Construire l'écologie entend réunir ces professionnelles et professionnels au sein d'un même collectif afin de se rencontrer, construire des alliances et partager des connaissances lors d'événements et d'afterworks réguliers. Construire l’écologie se veut également être un outil pour porter dans le débat public une vision concrète, structurée et globale de la bifurcation écologique, ainsi que des moyens de la réaliser en matière d'atténuation et d'adaptation face au changement climatique, à la destruction de la biodiversité, aux pollutions, et aux autres limites planétaires. En s’appuyant sur les travaux de recherche, les nombreux scénarios de décarbonation établis pour la France et les compétences des membres du collectif. En tenant compte de tous les aspects de cette bifurcation écologique : les changements collectifs de modes de vie, les transformations des activités industrielles, le besoin d'une planification par l'État, la construction de protections collectives face aux crises écologiques, le soubassement indispensable de la justice sociale, ainsi que les nouvelles connaissances et le partage des savoirs qui font déjà consensus autour de cette transformation.