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Cessons de brasser du vent, utilisons le

[9 juillet 2024] En 2023, les énergies fossiles - pétrole, gaz fossile et charbon, par ordre décroissant d’importance - représentaient encore plus de 60% de notre consommation d’énergie en France. En sortir urgemment est un impératif pour atténuer le réchauffement climatique, réduire la pollution de l’air et gagner en souveraineté.


Pour cela, il est indispensable de mener de front des politiques d’efficacité et de sobriété énergétiques pour réduire nos besoins en énergie et en ressources, et des politiques de substitution de ces énergies par d’autres peu émettrices de gaz à effet de serre. Ces politiques de substitution nécessitent notamment de déployer massivement des moyens de production d’électricité bas-carbone : éoliennes terrestres et maritimes, panneaux photovoltaïques, centrales nucléaires et barrages hydrauliques.


Malgré l’ampleur du défi que représente cette sortie des énergies fossiles, un de ces moyens de production reste peu soutenu : l’éolien terrestre, dont le gouvernement précédent prévoyait dans les prochaines années de simplement stabiliser le rythme de déploiement. L’éolien terrestre serait le seul moyen de production bas-carbone dont le rythme d’installation n'augmenterait pas dans les prochaines années. Le Rassemblement national propose lui tout simplement de mettre fin au déploiement de nouvelles éoliennes - et revendiquait jusqu’à récemment la destruction des parcs existants. Le programme du Nouveau Front Populaire soutenait lui les éoliennes en mer, sans rien dire concernant sur l'éolien terrestre.


Pourtant, même en mettant en service de nouveaux réacteurs nucléaires au rythme industriel maximal atteignable selon la filière nucléaire, le nucléaire ne pourrait répondre qu’à la moitié de nos besoins en électricité d’ici 2050. Tous les scénarios de décarbonation qui existent à date en France nous montrent qu’il ne sera pas possible d’atteindre la neutralité carbone à cette échéance, avec des besoins en électricité allant croissant sans (entre autres) déployer massivement des éoliennes terrestres dans les 25 prochaines années.


Ne nous laissons pas prendre aux discours erronés : les éoliennes sont des moyens de production utiles et efficaces, peu onéreux, qui peuvent être déployés rapidement, et dont les impacts environnementaux sont particulièrement faibles.


Inutiles car non pilotables ? L’éolien représentait 10% de la production d’électricité en France en 2023 : son caractère non pilotable ne l'empêche pas de contribuer utilement à remplir une partie de nos besoins en électricité, surtout en présence de centrales nucléaires, de moyens de flexibilité, et de moyens de stockage en quantité raisonnable. Sur le plan environnemental, rappelons que l’enjeu n’est pas de comparer les éoliennes aux centrales nucléaires, mais aux énergies fossiles.


Inefficaces face au changement climatique ? Elles émettent également 50 à 100 fois moins de gaz à effet de serre que ces centrales fossiles en prenant en compte tout leur cycle de vie, occupent un espace au sol négligeable vis-à-vis des logements et des infrastructures de transport, et consomment beaucoup moins de ressources que des centrales fossiles. Elles ne remplacent pas de centrales nucléaires, mais contribuent au contraire à réduire le fonctionnement des centrales à charbon et au gaz, et doivent maintenant contribuer à répondre à la hausse des besoins en électricité, comme l’indique chaque bilan de Réseau et Transport d’Électricité.


Trop coûteuses ? L’éolien terrestre est aujourd’hui l’une des façons de produire de l’électricité les moins onéreuses en France, avec le photovoltaïque au sol, et cela perdurera tant que la part des énergies non pilotables dans le mix électrique n'atteindra pas des niveaux tels que leur installation nécessite en parallèle une infrastructure complexe de production, stockage, transport et combustion d’hydrogène - on en est loin.


Dangereuses pour l’emploi ? L’installation d’éoliennes crée déjà des emplois en France : accroître la production d’éoliennes terrestres et les emplois industriels qui vont avec, ne sera maintenant possible que si leur déploiement est accru.


Tout montre que les oppositions au déploiement de nouvelles éoliennes terrestres conduiront à aggraver le réchauffement climatique, rendront plus difficiles la poursuite de l’amélioration de la qualité de l’air et la souveraineté de la France, et conduiront à des risques accrus de ruptures d’approvisionnement en électricité. Malgré une surreprésentation médiatique des opposants à l’éolien terrestre, la plupart des sondages montrent que plus des deux tiers des français sont favorables au développement d’éoliennes. Une proportion qui augmente chez celles et ceux qui habitent à proximité d’un champ d’éoliennes.


Si l’éolien terrestre n’est pas notre seul levier d’action face au changement climatique, il est essentiel de réhausser ses objectifs de déploiement pour assurer notre mise en sécurité énergétique et climatique. Pour construire cette désirabilité, celles et ceux qui veulent sérieusement faire face à l’urgence climatique, notamment dans le champ politique, doivent soutenir l’usage de ce mode de production d’électricité.


Un soutien politique fort n’implique pas un développement sans règles. Les entreprises chargées de déployer des éoliennes sont comme les autres mues par la recherche du profit, il est donc indispensable d’encadrer leurs activités - c’est d’ailleurs déjà le cas, 8 lois ont été votées à cette fin depuis 2010. Il convient dès aujourd’hui de fixer des objectifs régionaux coordonnés nationalement, mettre fin aux blocages politiques locaux, et limiter les zones d’exclusions liées aux radars militaires et à l’aviation. Réduire autant que possible l’impact des éoliennes terrestres sur la biodiversité est également un impératif, en donnant notamment aux écologues les moyens financiers, humains et temporels nécessaires pour mener des états des lieux environnementaux approfondis. Enfin, cela implique de donner aux administrations en charge les moyens humains et budgétaires nécessaires pour accélérer l’étude et le raccordement des projets éoliens, encore anormalement longs par rapport aux autres pays européens.


En bref, pour les éoliennes comme pour le reste, cessons de brasser du vent : utilisons le.

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